vendredi 27 juin 2008

La micro-finance en Méditerranée

En mai dernier, une conférence, à Tunis, a permis d’aborder la question de la micro-finance en Méditerranée et d’en mesurer l’impact économique et social à la fois sur les institutions qui régissent ce secteur et dans le bassin méditerranéen.
Une étude a été présentée et a déterminé que la micro-finance dans la région représentait, à elle seule, un marché de 40 millions de bénéficiaires dont 9 millions reçoivent, aujourd’hui, un soutien des décisionnaires. Concernant les ménages, l’étude fait ressortir que le secteur ne connaît pas une pleine exploitation et que le micro-crédit en demeure, pour l’instant, le produit essentiel. Que, par exemple, la micro-épargne, les produits d’assurance et les transferts de fonds ne sont pas encore accessibles à la clientèle. Il semblerait que les questions juridiques et réglementaires ne soient pas étrangères au blocage du développement de ces produits.

La Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP) est, aujourd’hui, un partenaire important pour ces opérations (23 millions d’euros depuis 2003) et sa priorité est que les institutions financières connaissent un développement, de sorte à se transformer en établissements bancaires pouvant intervenir, de façon autonome, sur les marchés financiers locaux.

Quelques indicatifs sur ces opérations :
. Prêt de 2 millions d’euros à Enda Interarabe, une association de micro-finance dont le siège est en Tunisie, et qui sont destinés à financer près de 500 000 micro-crédits. Enda Interarabe favorise l’accès au micro-crédit et en appuyant les projets de création de micro-entreprise (particulièrement en faveur des femmes et pour lutter contre l’exclusion) par des services financiers et d’accompagnement (site : http://www.endarabe.org.tn).

. Deux lignes de crédit de 10 millions d’euros respectivement à quatre organismes marocains de la micro-finance :
- Al-Amana, association de micro-crédit et de prêt au logement (site www.alamana.org/) ;
- AMSSF/MC, association marocaine Solidarité sans Frontières/Micro-Crédit dont les missions se résument principalement à la création d’emplois par la micro-entreprise urbaine, périurbaine et rurale, et aussi à aider l’intégration des femmes dans le développement – Site www.amssfmc.ma/) ;
- Fondep (Fondation pour le Développement local et le Partenariat), une institution aussi de la micro-finance – Site
www.fondep.com/) ;
- et Fondation Zakoura (Site
www.zakourafondation.org), association de micro-crédit dont les objectifs sont de lutter contre l’analphabétisme et d’aider les porteurs de projets.

. Interventions de la FEMIP à l’étude pour l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie et la Syrie. Pour l’Algérie, il y a peu d’associations autonomes – comme « Touiza », une ONG indépendante - mais un organisme national s’occupe des objectifs du micro-crédit, pour ne pas dire le contrôle et le dispatching des fonds : introduit par le Gouvernement algérien dans les années 1990, le micro-crédit concrétisé par des services d’accompagnement (auto-emploi, travail à domicile, activités artisanales …) était ainsi la prérogative de l’Agence de développement social (ADS). Cette agence ne perdurera pas et son portefeuille sera transféré vers l’Agence nationale de gestion du micro-crédit (ANGEM).
En Egypte, la situation est analogue car les principaux organismes chargés du micro-crédit sont : la National Bank of Development (en association avec USAID), la Social Fund for Development, le ministère des Finances et la Bank for Development and Agricultural Credit.
En Jordanie, quatre institutions officielles, des ONG et des agences gouvernementales se répartissent le secteur de la micro-finance Une association de micro-finance établit la coordination entre les différentes institutions de la micro-finance. La répartition des crédits est assez homogène et couvre aussi bien les zones rurales que les zones urbaines.
Dans le cas de la Syrie, cinq organisations non-gouvernementales agissent dans le micro-crédit dont FIRDOS qui consent des crédits sans intérêts, des associations et institutions gouvernementales comme l’Union des femmes, le ministère de l’Agriculture et la Banque publique.

Etat des lieux des autres pays sud-méditerranéens où existe le micro-crédit
- Chypre : l’association Women’s Cooperative Bank, des banques coopératives, des banques commerciales et le gouvernement accompagnent en ouvrant des micro-crédits aux femmes pour leurs projets de création d’entreprise.
- Liban : peu d’intervention de l’Etat dans les zones défavorisées -qui a mis en place un institut de garantie des crédits- mais interventions des ONG de la micro-finance et financements par le biais de l’Union européenne, de USAID et d’ONG européennes.
- Malte : premiers pas dans le micro-crédit. Le pays comprend deux agences principales dont l’une offre des garanties et l’autre de gérer les crédits. La Coopérative pour l’agriculture et la pêche intervient également.
- Palestine (Gaza) : cinq organisations non gouvernementales et quatre banques commerciales, reliés par un réseau.
- Turquie : l’institution Maya, créée en 2002, intervient dans la participation des femmes dans la vie économique. Financée essentiellement pas Catholic Relief Services, elle octroie des crédits par groupe de cinq femmes (coopératives de femmes) mais dont le fond de départ est assez faible (30 à 300 dollars US). Ensuite, il y a la Turkish Development Foundation qui a lancé un programme dans les zones rurales et qui est financée par l’Union européenne.

Enfin, pour avoir plus d’informations, sachez qu’un répertoire des institutions arabes de micro-crédits a été établi par le Centre des Femmes Arabes pour la Formation et la Recherche (CAWTAR) (site : http://www.cawtar.org/) dont on peut donner ici quelques indications supplémentaires et qu’il s’agira de recouper avec ce qui vient d’être dit plus haut :
- Algérie : 14 institutions de micro-financement
- Maroc : 42 « « « «
- Tunisie : 66 « « « «
Il faut savoir aussi qu’un réseau national d’institutions de micro-finance dans le monde arabe existe : il s’agit de SANABEL qui a, d’ailleurs, organisé, à Tunis, la Conférence annuelle des pays fondateurs du réseau et citée en début d'article.
F. Allami