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Paris, septembre 2008 - Ce sera une Europe qui diversifiera sa connaissance des langues européennes, qui ne se contentera plus de produire des « apprenants » mais qui comprendra des « parlants » : l’enfant européen aura ainsi à parler très tôt, deux voire trois langues européennes. Les termes de « langue nationale » ont été totalement absents chez les différents interlocuteurs.
De cette journée qui ne fut pas sans richesses quant à la qualité des intervenants et où l'on avancera l'idée d'un ERASMUS des enseignants sur l'exemple de l'ERASMUS des étudiants (échanges d'étudiants inter-universitaires) pour préparer les enseignants à leurs futures prérogatives, on retiendra l’intervention –pour ce qui nous concerne– du Vice-président du Parlement européen, Miguel Ángel Martínez Martínez, pour lequel les langues des communautés migrantes ont leur place, en raison de leur importance dans les pays d’accueil : comme le turc, l’arabe, l’hébreu et même le chinois ; les trois premières jouent, en outre, un rôle plus que conséquent en raison de la nouvelle création réunissant pays européens et pays sud-méditerranéens. « Il faut tenir compte, a-t-il dit également, des langues des pays candidats à l’Union européenne : le turc et le croate. »
Venant à la suite du mot de bienvenue de Maurice Quenet, recteur de l’Académie et chancelier des universités de Paris, Christine Albanel, ministre française de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, devait noter que si « la langue porte l’estime de soi, elle doit s’ouvrir aux autres… aller à la découverte de l’autre ». La langue en tant que barrière, elle est une sorte « d’intégrisme culturel » : or, stratégiquement, « l’Etat et les régions ne se limitent pas à la civilisation et l’apprentissage des langues ... elles s’intègrent dans tous les passages de la vie. »
De son côté, Léonard Orban, commissaire européen chargé du multilinguisme a souhaité que cette rencontre « soit porteuse de changements » car une pensée nouvelle évolue en matière de multilinguisme : créer des « ports entre les cultures, des ports entre les peuples ». Il devait, ensuite, présenter le programme mis en place par l’Union européenne, dont voici quelques lignes :
- une communication stratégique résultant d’un vaste processus de consultation,
- groupe d’experts en matière de multilinguisme mis en place, en 2007, sous la direction d’Amin Maalouf (voir notre premier article)
- dialogue interculturel
- forum des affaires
- consultation en ligne des Européens
- consultation des autres institutions européennes
- langues et migrations
- intégration.
Relevant que l’Europe comprend 27 langues, 60 langues régionales et 175 nationalités différentes, Léonard Orban a ajouté que « l’apprentissage des langues des migrants est une réalité inévitable » et que l’apprentissage sera sur deux langues, outre la langue maternelle, comme cela avait été vu par le Processus de Barcelone. Le groupe présidé par Amin Maalouf a établi une langue personnelle (entendez pas là, langue maternelle) et deux langues internationales.
Cette importante rencontre, qui a réuni, outre plusieurs ministres de pays européens, plus de 800 participants des divers pays européens (chercheurs, enseignants universitaires, traducteurs, sommités du monde de la culture et des affaires), a pris fin avec le discours de clôture du ministre français de l’Education nationale, Xavier Darcos, qui a fait le point sur les méthodes de l’enseignement des langues.